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Pendant ce temps, tout semblait concourir au succès de l’entreprise. Avec un cri, avec un geste, le lieutenant Laity enlevait le bataillon de pontonniers ; les officiers Dupenhoët, Gros, Pétri, de Schaller, Couard, Poggi, Lombard, s’étaient heureusement acquittés des missions diverses confiées à leur audace ; le télégraphe appartenait à l’insurrection ; commandés par M. de Persigny, des canonniers venaient d’arrêter le préfet les proclamations s’imprimaient rapidement ; le 3e d’artillerie montait à cheval la ville se réveillait au sein d’une rumeur devenue formidable, et la colonne qui suivait Louis Bonaparte touchait à la caserne Finkmatt. Mais les choses ne tardèrent pas à changer de face.

La caserne Finkmatt est située entre le faubourg de Pierre et le rempart, sur une ligne qui leur est parallèle. Liée au faubourg par une ruelle extrêmement étroite qui aboutit à l’entrée principale du quartier, elle n’est séparée du rempart que par une cour allongée qui s’ouvre à l’une de ses extrémités au moyen d’une grille en fer. Or, il avait été convenu qu’on prendrait le chemin du rempart, seul itinéraire qui permît un déploiement de forces imposant, et, en cas d’insuccès, la retraite. Mais, par une fatalité inexplicable, la tête de colonne s’égare, elle pénètre dans la ruelle, laissant dans le faubourg de Pierre le gros de la troupe, et Louis Bonaparte se trouve ainsi engagé, avec une faible escorte, dans une cour qui, la fortune venant à manquer à son appel, lui pouvait servir de prison ou de tombeau.

Toutefois, à ce nom magique de l’Empereur qu’ils entendent prononcer, les fantassins accourent de