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Le 25 octobre 1836, Louis Bonaparte, qui était revenu de Bade à Areneaberg, quittait de nouveau l’asile maternel, après avoir prétexté une partie de chasse dans la principauté d’Héchingen. Un rendez-vous avait été assigné dans le grand duché de Bade à quelques personnages importants sur lesquels on comptait. Le prince n’y trouva personne, attendit pendant trois jours, et se décida enfin à partir pour Strasbourg, où il arriva, le 28 octobre, à dix heures du soir. Le lendemain, il eut avec le colonel Vaudrey un entretien qui aurait fait hésiter une âme plus patiente que la sienne. Le colonel objectait la témérité de l’entreprise, le nombre des chances contraires, l’extrême incertitude du succès au milieu de tant d’intérêts prompts à s’alarmer et de tant de passions ennemies, l’inconvénient d’exposer le neveu de l’Empereur à de si grands périls. Et ces conseils de la prudence avaient d’autant plus d’autorité qu’ils venaient d’un homme plein de bravoure et long-temps éprouvé par les combats. Mais Louis Bonaparte se jugeait trop engagé pour reculer le colonel céda. Alors, le prince lui ayant montré un papier par lequel il assurait 10,000 francs de rente à chacun de ses deux enfants, le loyal militaire déchira le papier et répondit « Je donne mon sang, je ne le vends pas ».

Louis Bonaparte avait eu beaucoup moins de peine à décider le commandant Parquin, officier en qui revivaient, et les traditions de la vieille garde, et cet enthousiasme superstitieux que Napoléon avait su imprimer à la vie des camps.

Le 27 octobre 1836, à huit heures du soir, le