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sorte de langueur habituelle dans son regard, où passait la rêverie, nul doute que les soldats ne l’eussent aimé pour ses allures franches, pour la loyauté de son langage, pour sa taille, petite comme celle de son oncle, et pour l’éclair impérial que la passion du moment allumait dans son œil bleu. Quel nom, d’ailleurs, que le sien !

Aussi aurait-il voulu prendre son point d’appui dans l’armée et c’était pour se révéler à elle qu’il avait publié, sous le titre de Manuel d’artillerie, un ouvrage où le résultat des plus savantes études était exposé dans un style ferme, clair et précis.

Mais comment vaincre, sans le concours du peuple ? Et, une fois vainqueur, comment se maintenir, sans l’assentiment de la bourgeoisie ? Elevé dans rexil et ne connaissant pas son pays, Louis Bonaparte se persuada que la bourgeoisie n’avait gardé, de l’Empire, d’autres souvenirs que ceux de la révolution tenue en lesse, de l’ordre rétabli, du Code civil fondé. Le peuple, il crut que pour l’entraîner il suffirait de la vue de l’aigle sur les étendards et du bruit des clairons. Double erreur ce que la bourgeoisie, adonnée aux arts de la paix, se rappelait le mieux, dans l’histoire de Napoléon, c’était son despotisme coloré par la guerre ; et, parmi le peuple, les plus intelligents, ceux qui donnent le signal, savaient bien que si Napoléon, par la conquête, avait semé en Europe les germes de la démocratie, il n’avait rien négligé pour les étouffer en France.

Continuer l’Empereur ! Mais c’était parce que