Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désignés avaient si bien su acquérir l’estime des citoyens de la république, que ceux-ci n’hésiteraient pas à s’opposer, même par la force, à l’expulsion des proscrits. Il est à observer que la France a pris l’initiative de cette demande d’expulsion, et que jusqu’ici aucune insinuation semblable de la part d’une autre Puissance n’est arrivée à Saint-Marin. »

Le gouvernement français ayant fait savoir à la Suisse qu’il se tenait pour satisfait, la querelle se trouva ainsi apaisée. Mais il en resta dans le cœur des Suisses un ressentiment amer, un ressentiment légitime. Et l’Autriche eut cette double satisfaction d’avoir créé des ennemis nouveaux à la royauté de juillet, et de l’avoir humiliée, à la face du monde, jusqu’à l’armer contre le principe démocratique, au nom des intérêts, des haines et des défiances du vieux despotisme.

Cependant, un complot se tramait qui allait causer en France beaucoup de surprise et d’agitation. Des deux fils de l’ancien roi de Hollande, frère de Napoléon, l’aîné, on l’a vu, avait succombé, dans les troubles d’Italie, à une mort aussi mystérieuse que prématurée. Et quant au plus jeune, retiré en Suisse, il s’y était appliqué sans relâche à préparer de loin des projets qui souriaient à son orgueil et répondaient aux plus vives aspirations de son âme. Neveu de celui que la France appelait l’Empereur, l’Empereur par excellence (Imperator), et condamné au tourment d’une jeunesse obscure, ayant à venger ses parents proscrits, exilé lui-même par une loi injuste d’un pays qu’il aimait et dont on pouvait