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Berne un vil espion, un agent provocateur… Et lorsqu’après une information judiciaire minutieuse, la Suisse élevait des plaintes, offrait des preuves, c’était par la violence qu’on lui répondait, et l’on ne rougissait pas d’exiger qu’elle demandât pardon des affronts qu’on lui avait infligés ! La Suisse était trop faible pour soutenir le choc de la puissance française ? Raison de plus pour que la France reconnût ses torts. Car, à céder l’honneur était double, quand on avait contre soi la justice et pour soi la force. À l’effet de ces discours, répandus parmi le peuple, s’ajoutait l’agitation produite et entretenue par les discussions dont retentissaient les assemblées politiques. « Quelle est, s’écria M. Stettler « dans le grand Conseil de Berne, quelle est la Puissance qui nous insulte ? Celle pour laquelle nous avons versé des torrents de sang qui rougiraient le Rhin depuis sa source jusqu’à la a mer. » Les journaux tonnaient, de leur côté. Dans le Nouvelliste vaudois, M. Gaullieur prodiguait les encouragements à ceux des députés qui, tels que MM. Baumgartner et Bruggiser, couvraient courageusement de leurs personnes l’honneur de leur pays, et il poursuivait sans relâche ceux qu’animaient des susceptibilités moins fières MM. de Chambrier (de Neufchatel), Schmid (d’Uri), Burckardt (de Bâle). « On remarque, disait le Fédéral, que parmi les membres de la haute administration française se trouvent actuellement trois ministres élevés en Suisse ou par des Suisses MM. Guizot, Gasparin, Duchâtel ; un fonctionnaire issu d’une famille suisse, M. Delessert ; et le président du