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que je propose, » et dans le cas contraire, il rendait son portefeuille. Christine signa le décret, c’est-à-dire toute une révolution.

Il était impossible qu’un pareil ministre ne fût pas odieux à la Cour des Tuileries d’autant que les réformes par lui tentées s’accomplissaient au plus fort de l’étrange alliance contractée par le gouvernement français avec les Cours absolutistes. Aussi, pendant que notre ambassadeur à Madrid, M. de Rayneval, s’étudiait à desservir M. Mendizabal dans l’esprit de la régente, on le faisait accuser à Paris d’être vendu aux intérêts britanniques. On ne citait pourtant rien qu’il leur eût sacrifié ; mais on s’armait contre lui des apparences il avait long-temps vécu en Angleterre, il était servi par un domestique anglais, certaines habitudes anglaises étaient les siennes, et il recevait du Cabinet de Saint-James, pour combattre don Carlos, des fusils, des munitions et de l’argent.

Au reste, la Cour des Tuileries avait, pour perdre le ministre espagnol, des motifs particuliers qu’il est bon de faire connaître.

M. Mendizabal — et ce fut là de sa part une déplorable inconséquence — avait apporté au pouvoir, avec le désir de révolutionner l’Espagne, celui d’y raffermir la monarchie. Mais ce dernier résultat dépendait de la solution de trois problèmes il fallait d’abord étouffer la guerre civile, en préservant le trône de la trop grande popularité d’un général victorieux prévoir ensuite le cas où la régence deviendrait vacante avant la majorité d’Isabelle et, en troisième lieu, prévenir les difficultés diploma-