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bandes en fleurs, par des allées sablées, et dont pourrait évaluer l’étendue au quart ou peut être au tiers de la cour du Louvre, est immédiatement annexé à l’appartement de madame la duchesse de Berri, et lui offre une promenade commode, ayant un point de vue très-étendu sur le cours de la Gironde, et dont elle peut disposer entièrement à son gré à toute heure du jour. Indépendamment de ce jardin, la princesse a à sa disposition, pour se promener, toute l’étendue de la citadelle, dans laquelle des mouvements de terrain multipliés, et des contre allées sablées, situées en face au-dessous des remparts, lui donnent un abri contre les vents. Sur le pont le plus élevé du rempart de la citadelle, on achève en ce moment un pavillon destiné à servir de repos à madame la duchesse de Berri, à la soustraire à t’influence des vents et des orages, et propre à la faire jouir d’un horizon immense, tant sur le cours du fleuve que sur la campagne environnante.

Pour juger de la nature des aliments dont la princesse fait usage, et de la manière dont ils sont préparés, nous avons dû visiter la cuisine peu de temps avant le moment ou le dîner allait être servi ; nous avons pu constater qu’ils étaient de bonne qualité, apprêtés avec soin et même avec recherche.

Relativement aux soins dont madame la duchesse de Berri est l’objet, nous pouvons affirmer d’après ce que nous avons vu et d’après ce qui nous a été dit, qu’elle est traitée avec les plus grands égards, et qu’il nous a paru que rien n’était omis de ce qui pouvait adoucir sa position. L’exposé qui précède nous porte à conclure que dans l’état de captivité où est madame la duchesse de Berri, aucun autre lieu susceptible de pareille destination ne pourrait lui offrir des conditions plus salubres.

Nous sommes avec respect, Monsieur le ministre,
Vos très-humbles et très-obéissants serviteurs,
Orfila, Pierre Auvity.


No 3.
RAPPORT SUR LA SANTÉ DE LA DUCHESSE DE BERRI.

Les soussignés après avoir pris les renseignements relatifs aux circonstances commémoratives de la santé de madame la duchesse de Berri, et soumis à un examen attentif l’état actuel de S. A. R., résument de la manière suivante les résultats de leurs observations :

L’état des organes respiratoires offre des indices d’une lésion grave. La toux est fréquente, presque continuelle ; elle a augmenté depuis quelque temps ; elle est suadée, sèche, accompagnée d’une douleur avec chaleur dans le centre de la poitrine depuis le laryns jusqu’à l’épigastre. Il y a gêne de la respiration. A l’aide de l’auscultation on distingue à la partie postérieure et gauche du thorax, un rate muqueux. Le pouls est fréquent, la peau présente le soir un peu de chaleur et se couvre, pendant la nuit, d’une sueur légère. De ces phénomènes, il suit que les