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Sauzet, garde des sceaux, ministre de la justice et des cultes ; de Montalivet, ministre de l’intérieur ; Passy, ministre du commerce et des travaux publics ; Pelet (de la Lozère), ministre de l’instruction publique ; le maréchal Maison, ministre de la guerre ; l’amiral Duperré, ministre de la marine ; d’Argout, ministre des finances.

Une grande faute venait d’être commise, et elle était surprenante de la part d’un homme qui avait adopté la fameuse maxime : Le roi règne et ne gouverne pas. En effet, en dehors de MM. de Broglie, Guizot et Thiers réunis, M. Molé aurait en vain cherché les éléments d’un Cabinet doué de vie. Quant au tiers-parti, il avait donné la mesure de ses forces dans le ministère des trois jours. Donc, tant que M. Thiers serait resté l’allié des doctrinaires, il n’y aurait eu qu’un ministère possible. En se séparant de ses anciens collègues, M. Thiers changeait la face des choses : il ruinait la discipline parlementaire ; il assurait au roi la faculté de choisir entre plusieurs Cabinets également possibles quoique débiles, et il se mettait lui-même à la merci de l’autorité royale, désormais toute-puissante. Le roi put croire que son étoile l’emportait enfin que sa puissance n’allait plus avoir d’autres bornes que sa volonté… Et il ne se trompait qu’à demi avec le ministère du 11 octobre, le gouvernement parlementaire venait de finir : le gouvernement personnel était fondé.

Ainsi éclatait l’erreur des publicistes qui, comme Benjamin Constant, avaient fait reposer leurs théories sur la chimère d’un monarque automate, se résignant à la honteuse majesté d’une fonction de parade, tirant toujours de mi le pouvoir sans