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jury, M. Parent ; pour la loi sur la liberté de la presse, M. Sauzet. Et même, tant était grand le vertige la dernière commission ne craignit pas d’ajouter aux lois proposées des dispositions qui en exagéraient les rigueurs, déjà excessives. Elle demanda qu’on déclarât punissables de l’amende et de la prison les attaques contre la propriété, le serment et le respect dû aux lois ; que le taux du cautionnement des journaux fût élevé de 48,000 fr. à 200,000 (le chiffre de 100,000 fut adopté par la chambre) ; qu’on en exigeât le versement en numéraire, et que le gérant ne pût entrer en fonctions sans en posséder le tiers en son nom propre.

La discussion s’ouvrit à la Chambre des députés le 13 août. Elle souleva une lutte ardente mais courte, et eut le résultat prévu on avait délibéré sous le joug de la passion. Le ministère obtint donc plus encore qu’il n’avait demandé. Le concours de la Chambre des pairs ne pouvait manquer aux ministres elle s’empressa de donner la consécration de son vote à ces lois fameuses qui devaient rester dans la mémoire du peuple et dans l’histoire sous le nom de lois de septembre. Pour les flétrir, M. Royer-Collard avait rompu un long silence, et son discours commença le châtiment des ministres.

Les lois de septembre dépouillèrent les accusés de leurs garanties les plus précieuses. Elles faussèrent l’institution du jury. Elles assimilèrent à un attentat la discussion d’une théorie. Elles firent de la puissance de la presse l’arme exclusive de la haute bourgeoisie, et enlevèrent tout organe à la défense des intérêts sacrés du pauvre. C’était à cela que la révolution de juillet était venue aboutir !