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rantes mêlées ! Venait ensuite, tout couvert de noires draperies, le cheval de bataille, accompagnant son cavalier immobile à jamais. L’église des Invalides reçut sous ses voûtes en deuil et inondées de clartés sépulchrales, les dépôts mortels qu’on lui venait confier. Puis, le roi, suivi de ses enfants, jeta l’eau bénite sur les corps. Et la foule s’écoula peu à peu, toujours silencieuse et recueillie.

L’attitude du clergé dans ces circonstances eut quelque chose de manifestement hostile à la dynastie d’Orléans. Après des hésitations offensantes pour la royauté, l’archevêque de Paris s’était enfin décidé à rendre au roi une visite, et même à officier au service funèbre qui devait être célébré dans l’église des Invalides. Mais les regrets du clergé pour la branche aînée se trahirent dans ces paroles singulières de l’archevêque au roi : « Sire, en voyant aujourd’hui le chef et les corps de l’Etat, doublement avertis par le malheur et le bienfait, venir apporter aux pieds des saints autels un juste tribut de remerciments et d’hommages, la religion espère ! Elle espère pour la France. Car, si l’ingratitude envers Dieu a le funeste privilége d’arrêter le cours de ses dons, la reconnaissance de la foi a le pouvoir, au contraire, de les multiplier et de les faire couler avec abondance sur les princes et sur les peuples. »

S’il est une règle d’éternelle sagesse, c’est celle qui prescrit au législateur de se garder, lorsqu’il médite la loi, de toute précipitation passionnée, de toute impression de nature à altérer la sérénité de son jugement. Cependant, dès le 4 août 1835, la Chambre des députés était saisie des projets