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raux, d’officiers supérieurs, de fonctionnaires. Sur toute la ligne parcourue régnait un silence morne, qu’interrompaient seulement, d’intervalle en intervalle, les acclamations obligées des soldats. A midi et quelques minutes, le cortége royal arriva devant le front de la 8e légion, stationnée sur le boulevard du Temple, à la hauteur du Jardin-Turc. Là, le roi se penchant pour recevoir une pétition des mains d’un garde national, on entend tout-à-coup comme un feu de peloton bien nourri. En un instant, la terre est jonchée de morts et de mourants. Frappés à la tête, le maréchal Mortier et le général Lachasse de Vérigny tombent baignés dans leur sang. Un jeune capitaine d’artillerie, M. de Villate, glisse du haut de son cheval, les bras étendus, ainsi qu’un Christ en croix : il a été atteint à la tête, il expire. Au nombre des victimes, on compte le colonel de gendarmerie Raffé ; M. Rieussec, lieutenant-colonel de la 8e légion les gardes nationaux Prudhomme, Benetter, Ricard, Léger un vieillard plus que septuagénaire, M. Labrouste ; une pauvre ouvrière en franges, nommée Langeray ; et une jeune fille à peine âgée de quatorze ans, nommée Sophie Rémy. Le roi n’est pas blessé ; mais, dans la confusion, son cheval s’est cabré, et il a lui-même reçu au bras gauche un choc violent. Le duc d’Orléans a une légère contusion à la cuisse. Une balle a frappé la croupe du cheval du duc de Joinville. Ainsi, l’affreuse tentative a manqué son but : la famille royale est sauvée ! Quelle parole humaine pourrait exprimer l’horreur produite par cet épouvantable et lâche attentat ? On envoya sur-le-champ rassurer la reine, et le roi continua sa marche au