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n’était-ce pas précisément sa position qui lui permettait d’aller en avant sans être obligée de regarder derrière elle ? Par où Napoléon avait-il péri ? Par la nécessité funeste qui retenait les troupes de Suchet en Espagne, tandis que la coalition envahissait la Champagne.

Ces raisons n’étaient pas sans faire impression sur l’esprit du roi. Plus d’une fois il parut ébranlé ; mais il ne tardait pas à revenir à son système favori, l’inaction. Le souvenir des malheurs qui avaient assailli les Français en Espagne, sous Napoléon, paraissait le préoccuper vivement. L’expédition que demandait M. Thiers réussirait-elle ? Nos troupes n’allaient-elles pas trouver, au-delà des Pyrénées, tous les dangers de cette guerre de partisans qui avait fait pâlir l’étoile du plus grand capitaine des temps modernes ? Voilà ce que le roi opposait à son ministre, et il n’écoutait qu’avec une froide incrédulité tout ce que celui-ci disait de l’impossibilité où serait don Carlos de se maintenir entre une invasion française et les troupes de Christine. L’Espagne n’est plus qu’une Vendée épuisée, répétait sans cesse M. Thiers ; il ne lui est pas plus donné de recommencer les prodiges de cette résistance qui étonna Napoléon, qu’il n’a été donné à la Vendée de se réveiller à la voix de la duchesse de Berri, et de se montrer telle que l’avaient faite Cathelineau, Bonchamps, Larochejaquelein et Lescure. Et, à l’appui de son opinion, M. Thiers citait celle de M. de Rayneval, ambassadeur de France à Madrid, qui, dans toutes ses dépêches, insistait vivement pour l’intervention, et déclarait le gouvernement de Christine perdu, si l’orage qui grondait autour