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des coups de sifflet, venus du dehors, leur apprirent qu’ils touchaient à un heureux dénoûment.

Et en effet, tandis que MM. Klein et Fulgence Girard parcouraient la rue Copeau d’un regard vigilant, tandis que M. Etienne Arago, amusant la concierge de M. Vatrin par de futiles discours, veillait à ce que la porte de la cour ne fût pas fermée ; M. Barbès s’introduisait dans la maison avec la dame qu’il accompagnait. Le propriétaire était absent. M. Barbès prétexte une affaire urgente à lui communiquer, demande la permission de lui écrire, ne pouvant le voir, et attend ses amis dans la fièvre de l’impatience. Soudain les marches du perron résonnent ; la porte vitrée qui s’ouvre sur le jardin est ébranlée par des mains violentes ; les vitres volent en éclat. Madame Vatrin pousse un cri de terreur. Mais l’étrangère lui dit : « Ne craignez rien, Madame. Ce sont les détenus de Sainte-Pélagie qui s’évadent. » En même temps, M. Barbès s’est élancé sur le domestique, qu’il tient en respect. Traverser la maison, franchir la cour, monter en voiture, se disperser, disparaître, tout cela fut, pour les républicains, l’affaire d’un moment. Ils étaient sauvés !

À cette nouvelle, l’étonnement de la police ne fut égalée que par sa fureur. La presse, qui s’intéressait vivement aux prisonniers, accabla les ministres des manifestations de sa joie railleuse. Et les agents de M. Gisquet, humiliés, appesantirent le poids de leur colère sur les détenus qui avaient refusé de suivre leurs compagnons ; tels que MM. Kersausie, Beaumont, Sauriac, Hubin de Guer, ils avaient eu, pour refuser la liberté offerte, des motifs