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dans son cours. Mais à qui la faute si tant d’hommes honnêtes en étaient venus à glorifier un pareil abus et une pareille révolte ? Malheur au pays où il devient permis de mettre en doute si, en outrageant le juge, c’est la justice qu’on outrage ! Là où ce doute existe, plus de distinction possible entre l’arrogance et le courage, entre l’anarchie et une généreuse hardiesse, entre l’esprit de désordre et le culte des principes. L’arbitraire, lorsqu’il n’enfante pas la tyrannie, enfante le chaos. Et la Cour des pairs en fit une rude expérience. Que dis-je ? Elle eut des inspirations louables, elle eut de prudents retours et cela même tourna contre elle. En vain s’arma-t-elle de patience pour écouter jusqu’au bout des discours qui lui prodiguaient l’insulte ; en vain M. Pasquier poussa-t-il maintes fois jusqu’à la condescendance les égards dus au malheur : rien ne put calmer l’exaspération des accusés, rien ne put fléchir l’opinion. La Cour des pairs n’avait pas voulu la défense libre, et elle était conduite à la souffrir injurieuse. Elle n’avait pas craint d’interdire l’usage du droit, et elle se voyait contrainte à en tolérer l’abus. De sorte qu’elle se sentait misérablement enlacée par les conséquences du pacte signé avec le despotisme. Semblable à un voyageur égaré dans un pays de marais, chaque pas qu’elle faisait en avant ne servait qu’à l’enfoncer davantage dans l’iniquité, et elle marchait haletante sous le poids de sa propre omnipotence. Je ne sache point que l’histoire ait jamais donné aux hommes un enseignement aussi utile et aussi profond !

Pendant ce temps, d’étranges et secrets prépara-