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vaient faire un si profitable usage ? Comme si, pour rendre le pouvoir odieux, le plus sûr moyen n’était pas de le condamner à la honte de mettre en prison la vertu ou le génie ! Et quant aux dissidents qui persisteraient, entre les renier publiquement et subir leur joug, comment hésiter ?

On conçoit quelle dut être la violence du débat. M. Dupont s’y fit remarquer par l’énergie de sa conviction et l’Impétueuse éloquence de son langage. Il fut même si âpre dans ses attaques contre Armand Carrel, qu’une rencontre personnelle aurait eu lieu inévitablement, si des amis communs ne s’étaient employés avec passion à rapprocher deux hommes. si dignes de rester unis. Au reste, la fermentation des esprits s’expliquait assez par l’importance de la question qu’on agitait. Car enfin, il y allait de la dignité du parti tout entier, et c’est ce que M. Dupont avait amèrement compris. « Tout ceci, s’était-il écrié, n’est pas seulement une affaire de logique, c’est aussi une affaire de sentiment. Eh bien, qu’on interroge les femmes, si aptes à décider des choses du cœur ; et, j’en jure, pas une ne répondra : vous devez reculer. » Mais, suivant M. Armand Carrel, il n’y avait nulle faiblesse, de la part d’un parti, à prendre ses avantages et à ne se point laisser imposer par ses propres ennemis sa manière de combattre. M se trompait dans l’application puisque la meilleure tactique ici était d’exagérer jusqu’à l’audace ; et, au fond, il le sentait si bien lui-même qu’il surprit tout le monde par la facilité avec laquelle, dans le cours de la discussion, il passa de son opinion à l’opinion contraire. Malheureuse-