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des journalistes sont arrêtés, livrés à la garde municipale, et aussitôt après relâchés. Le Réformateur, feuille républicaine fondée depuis peu et dirigée par M. Raspail, le Réformateur rendit compte de l’altercation dans un article qui respirait la plus violente indignation, et qui signalait comme agresseurs certains membres de la majorité, parmi lesquels MM. Augustin Giraud et Renouard. Il n’en fallait pas davantage pour que la majorité de la Chambre se crût offensée. Sur la motion de M. Jollivet, et, après de vifs débats suivis d’assez nombreuses récusations, le Réformateur est traduit à la barre de l’assemblée. La défense, présentée par M. Raspail, ne dépassa pas, un seul instant, les bornes d’une discussion calme et décente, philosophique et élevée. Mais tous les pouvoirs du jour étaient emportés par un irrésistible esprit de vertige. M. Jaffrenou, gérant du Réformateur, fut condamné à un mois de prison et à dix mille francs d’amende.

Ainsi, le monde politique était tombé dans la plus effroyable confusion. Plus de droit reconnu. Partout l’outrage au pouvoir. Pour les accusés, plus de garanties. La défense interdite ou insultante. A la place de la justice, la victoire abusant d’elle-même. Comme conclusion aux conflits parlementaires, d’odieuses scènes de pugilat. Et, sous l’égide de la loi, la vengeance. Non, jamais pareille complication de désordres ne s’était vue dans l’histoire jamais gouvernement ne s’était entouré de plus de périls, à force d’incapacité.

Si les défenseurs des accusés d’avril avaient su profiter de leurs avantages, si, bravant les chances