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on s’y résoudre ? Les hommes qui, comme Lagrange, avaient immortalisé la résistance par leur modération et leur courage, faisaient-ils donc si peu d’honneur au parti qu’on put taire sans inconvénient ce qu’ils avaient été et ce qu’ils avaient fait ? D’ailleurs, l’insurrection lyonnaise était calomniée ; et il convenait que la vérité lut enfin connue, il convenait que la France apprît comment la lutte s’était engagée, et quelles manœuvres en avaient prolongé la durée funeste et par quels massacres des soldats égarés avaient souillé la victoire.

Ce dissentiment ne pouvait tomber qu’autant qu’on aurait fourni aux divers accusés le moyen de se voir les uns les autres, de discuter, de se concerter. Ceux de Paris demandèrent donc qu’on transférât à Sainte-Pélagie, où ils étaient eux-mêmes détenus, leurs camarades de Lunéville, qu’on avait renfermés à l’Abbaye, et leurs camarades de Lyon, déposés à la Conciergerie. Rien de plus juste. La demande fut, néanmoins, repoussée. Alors, les prévenus de Paris adressèrent au procureur-général une lettre où leurs griefs étaient résumés d’une manière saisissante : « Vous ne voulez pas plus de la défense que vous ne voulez de la vérité.

Ainsi, vous avez mis une année entière à compliquer votre accusation, et nous avons reçu seulement il y a quelques jours le volume de la procédure qui nous concerne.

Ainsi, vous avez accusé tout notre passé, tous les actes du parti républicain, et vous prétendez nous interdire le choix de nos défenseurs ; vous voulez nous condamner à les prendre parmi les avocats, connus ou non, qu’ils aient ou non notre confiance. Ce qui est permis à tout citoyen, pour la plus mince affaire de police correctionnelle, vous l’interdisez à des hommes