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Chambre des pairs, de véritables assises républicaines. « Il ne s’agit pas pour nous, s’étaient-ils dit, d’un procès judiciaire à soutenir, il s’agit d’une victoire politique à remporter. Ce ne sont pas nos têtes que nous avons à défendre, ce sont nos idées. Apprenons à l’Europe, apprenons au monde quelle foi est la nôtre et pour quels principes il nous a plu de jouer cette formidable partie. Qu’importe que nos ennemis aient vaincu par le glaive et puissent compléter leur succès par l’échafaud ? Nous serons les vainqueurs, s’il reste démontré que de notre côté se trouvaient la vérité, l’amour du peuple et la justice. » C’était là un noble et grand dessein. Pour le réaliser, les prisonniers résolurent de convoquer à Paris, des divers points de la France, tous les hommes qui, par leur talent, leurs vertus, leur renommée, leurs services, étaient en état de détendre et de représenter dignement le parti républicain.

Mais il était à craindre, si l’on s’en fiait aux caprices des inspirations personnelles, que la défense ne fit éclater des dissidences fâcheuses et ne s’égarât dans la confusion des systèmes. Les accusés cherchèrent à prévenir ce danger en formant parmi eux, pour poser des jalons à la défense et lui imprimer un caractère d’ensemble, un comité qui se composa de MM. Godefroi Cavaignac, Guinard, Armand Marrast, Lebon, Vignerte, Landolphe, Chilman, Granger et Pichonnier. Ils écrivirent ensuite à leurs co-accusés de Lyon, pour les engager à choisir, de leur côté, des défenseurs, et à instituer, eux aussi, un comité de défense, démarche à laquelle les ac-