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couleur hostile adoptée par la presse américaine, le général Jackson se montra beaucoup moins disposé à tirer l’épée du fourreau. Changement d’attitude qui fut officiellement révélé à la France par une note de M. Livingston, qu’approuva, au nom du président des États-Unis, M. Forsith, secrétaire d’État de l’Union pour les affaires étrangères !

Il ne restait plus qu’à obtenir de la Chambre un vote si laborieusement préparé. Depuis long-temps déjà les journaux discutaient les titres de la créance américaine. Et il n’était pas jusqu’à son origine qui n’eût soulevé d’ardents débats. Car elle remontait à une époque éloignée et se liait à des circonstances enveloppées de nuages. On sait que, par décrets lancés de Berlin et de Milan, Napoléon, en 1806 et 1807, avait mis l’Angleterre au ban des Puissances maritimes, et frappé de confiscation tout navire convaincu d’avoir été en relation avec le gouvernement, le territoire ou le commerce britannique. Les Américains prétendaient avoir souffert de l’application de ces décrets ; ils avaient réclamé une indemnité, et un traité signé, en 1831, par M. Horace Sébastiani, la leur avait accordée, en la fixant à la somme de 25 millions, qu’il s’agissait maintenant de faire voter à la Chambre.

La polémique fut très-vive. Les partisans du traité faisaient observer que la demande des Américains était juste ; qu’admise en principe par l’Empire, elle avait été éludée, mais non repoussée par la Restauration ; qu’en se montrant fidèle à des engagements sacrés, la France de 1830 s’élèverait dans l’estime du monde ; qu’il n’y avait pas lieu à