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décembre (1834) un message où il s’exprimait en ces termes :

« Puisque la France, en violation des engagements pris par son ministre qui réside ici, a tellement ajourné ses résolutions, qu’elles ne seront probablement pas connues assez à temps pour être communiquées à ce congrès, je demande qu’une loi soit adoptée, autorisant des représailles sur les propriétés françaises, pour le cas où, dans la plus prochaine session des Chambres françaises, il ne serait pas voté de loi pour le paiement de la dette… Si le gouvernement français continuait à se refuser à un acte dont la justice est reconnue, et s’il voyait dans nos représailles l’occasion d’hostilités contre les États-Unis, il ne ferait qu’ajouter la violence à l’injustice, et il s’exposerait à la juste censure des nations civilisées et au jugement du ciel. »

Jamais la nation française, illustre et respectée entre toutes les nations du monde, n’avait été traitée avec un tel excès d’insolence. Le message du général Jakson ne fut pas plus tôt connu à Paris, qu’il y enflamma les esprits d’indignation et de colère. Quoi ! c’était la menace et l’insulte à la bouche, c’était presque l’épée à la main, qu’on osait demander à la France le paiement d’une dette dont la légitimité n’était pas démontrée ! Que le gouvernement américain eût oublié si vite à quels généreux auxiliaires l’Amérique avait dû jadis la conquête de son indépendance et l’établissement de sa nationalité, il y avait lieu de s’en étonner ; mais qu’on ajoutât la provocation à l’ingratitude, et qu’on s’avisât de nous faire peur, et qu’on en vînt jusqu’à nous assigner à bref délai, cela était-il concevable ? La plupart des organes de l’opinion prirent feu, et l’on put croire un moment à l’imminence de la guerre.

Mais M. Livingston n’avait été que trop bien