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nature des sentiments que toutes ces agitations frivoles mettaient en jeu !

Ce fut le 10 novembre (1834) que les ordonnances furent envoyées au Moniteur. On y lisait : « Président du conseil et ministre de l’intérieur, le duc de Bassano ; ministre des affaires étrangères, M. Bresson ; ministre des finances, M. Passy ; ministre de la marine, M. Charles Dupin ; ministre de la guerre et, par intérim, des affaires étrangères, le lieutenant-général Bernard ; ministre du commerce et, par intérim, de l’instruction publique, M. Teste. » M. Persil conservait le portefeuille de la justice et des cultes.

On se ferait malaisément une idée de la satisfaction que le roi ressentit après cet enfantement bizarre. Il allait donc tout à la fois jouir de l’éclat des vieilles royautés et de leur puissance ! Il était donc parvenu à briser les liens dans lesquels l’avait tenu garotté cette insolente maxime le roi règne et ne gouverne pas ! C’était sa victoire d’Austerlitz, à lui. Malheureusement, l’opinion publique abrégea pour la Cour les douceurs du triomphe. Le Moniteur n’eut pas plutôt fait connaître les noms des nouveaux ministres, qu’on entendit retentir partout comme un immense éclat de rire. Bien que le Cabinet du 10 novembre renfermât des hommes d’un mérite incontestable, la moquerie fut universelle, la moquerie fut sans pitié.

Dès le second jour, un émissaire était envoyé par le duc d’Orléans à M. Thiers, qu’on priait avec instance de se rendre au château. Il hésita craignant qu’on ne le soupçonnât de vouloir rentrer au mi-