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ses collègues, il a vaincu le roi ! » Là se trouve, pour quiconque sait le cœur humain, la véritable cause, la cause philosophique du rejet de l’amnistie. Car, quant aux raisons par lesquelles on la combattit, rien de moins sérieux. On osa prétendre que, au point de vue de la constitution, le roi ne pouvait pas faire, avant la condamnation, ce qu’il pouvait faire après par l’usage du droit de grâce ; argutie qui ne méritait pas d’être réfutée ! chicane de procureur opposée à des vues d’homme d’état ! On fit semblant de craindre l’indignation de la magistrature souveraine, si on lui arrachait ses justiciables ; de la garde nationale, si on dérobait à ses rancunes ceux qui avaient troublé son repos ; sophisme qui calomniait la France ! Les motifs réels, on eut soin de les taire : nous les avons exposés. Le projet d’amnistie fut donc repoussé définitivement, et le maréchal Gérard sortit du ministère.

Cette retraite ouvrant la brèche aux ambitieux, les plus pressés coururent à l’assaut du pouvoir ; et les antichambres du château, les couloirs du Palais-Bourbon, les bureaux des ministères, les salons politiques, devinrent autant de foyers d’intrigues. Le tiers-parti était en émoi. Déjà les subalternes dressaient de nouvelles listes, et composaient le ministère de leur désir. Plus circonspects, les chefs faisaient effort pour se défendre d’une impatience cynique ; mais ils jouissaient du mouvement dont ils étaient le centre, et, avec toute la joie de l’orgueil vengé, MM. Dupin âme, Passy, Sauzet, se laissaient porter par le flot de tant d’agitations diverses. Alors se produisirent, sur la dernière adresse