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cain : la direction de la Société des Droits de l’Homme avait un caractère public, et c’était là, nous l’avons dit, un vice capital, à la veille d’un combat. Il est vrai que, dans la prévision du sort qui menaçait les chefs, on avait eu soin d’établir un comité secret ; mais son action eût-elle été mieux déterminée, son importance n’était pas suffisamment reconnue. Il arriva donc que, pour frapper l’insurrection à la tête, le gouvernement n’eut qu’à faire opérer à propos un certain nombre d’arrestations. Or, la témérité de ses ennemis servant sa politique, il atteignit presque tous ceux qu’il lui importait d’atteindre.

Cependant, l’ordre a été donné à plusieurs sectionnaires de descendre sur la place publique, d’y rester un instant dans une attitude prudente, puis de disparaître. Il ne s’agit pas, leur a-t-on dit, de commencer l’attaque ; il s’agit de répandre dans l’air une agitation qui indique quelles sont les dispositions du peuple. Cet ordre fut mal compris ou mal exécuté. Le dimanche 13, dans les rues Beaubourg, Geoffroy-Langevin, Aubry-le-Boucher, aux Ours, Maubuée, Transnonain, Grenier-Saint-Lazare, des barricades furent construites par une poignée d’hommes exaltés, dont il paraît certain que des agents de police aiguillonnaient perfidement l’ardeur[1].

Du reste, partout le bruit et l’appareil des armes, le monotone retentissement du rappel, les promenades circonspectes des patrouilles, et les cavaliers courant par la ville, porteurs de messages redoutés.

  1. On verra plus bas, dans le procès d’avril, la preuve de cette assertion.