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dépouille mortelle de l’inconnu traversèrent lentement la ville, que leur deuil épouvanta.

Dès ce moment, la menace brille dans tous les regards, le mot combat est dans toutes les bouches. Exaltés par les résultats de la journée du 5 et par le déploiement de leurs forces dans celle du 6 les ouvriers se croient déjà maîtres de la ville. La cause des mutuellistes a été renvoyée au mercredi, 9 avril : c’est le 9 que la bataille s’engagera ; et, dans Lyon, personne n’en doute. Le comité d’ensemble s’est réuni, pendant la nuit, pour agiter la question fatale, et l’on y a conclu à la résistance on n’attaquera pas, mais on se tiendra prêt à repousser l’attaque. Les sections seront en permanence. On adopte pour mot d’ordre : Association, résistance et courage. M. Lagrange, qui a jugé la lutte intempestive, est appelé cependant à la diriger au besoin et on lui donne ainsi qu’à M. Baune et à quelques autres, le commandement d’une insurrection moins préparée que prévue. Aussi, nul plan bien arrêté, nul ordre de bataille. Sur la manière dont le choc sera soutenu, sur l’occupation des points militaires, sur les communications entre les divers postes, sur la partie stratégique de l’insurrection enfin, si provoquée elle éclate, incertitude complète. Dans un moment aussi critique il était permis aux membres du comité de faire l’essai de leur influence : ils en appellent à une élection nouvelle, et, réélus à l’unanimité, ils se trouvent définitivement chargés de la responsabilité capitale d’un complot. Ce fut alors que M. Martin rédigea une proclamation qui devait être lue le lendemain.