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tuellistes, tailleurs, cordonniers, chapeliers, ouvriers de toute espèce, membres de la Société des Droits de l’Homme', tous sont devenus soldats de la même cause. Plus d’hésitation, plus de défiance. On poussera le cri de Vive la république ! et l’on combattra. C’est Girard, un des meneurs du conseil exécutif des mutuellistes, qui a pris l’initiative. Les divers corps d’état délèguent plusieurs de leurs membres pour donner à de communs ressentiments une direction commune, et l’on forme un comité d’ensemble.

La Société des Droits de l’Homme ne pouvait y être représentée qu’en s’y absorbant c’est ce qui arriva. Car, rien ne saurait peindre l’enthousiasme farouche dont les corps d’état étaient animés. Accusant leur comité central de mollesse et de langueur, ils brûlaient d’en venir aux mains. « Prenez garde ! disaient à MM. Baune, Martin et Albert, des mutuellistes influents, si vos sections ne descendent pas dans la rue, nous y descendrons sans elles. » Et lorsqu’une voix disait : « Mais les armes nous manquent ; » mille voix répondaient : « Les soldats en ont. Et comme en juillet, comme en novembre, les soldats refuseront de tuer leurs frères. » Lancé dans cet irrésistible tourbillon, le comité des Droits de l’Homme ne savait s’il fallait pousser le char ou le retenir. Dévoré tout-à-la-fois de colère et d’inquiétude, l’inexorable rapidité des événements l’accablait. Il portait d’ailleurs en lui-même un principe de faiblesse. Entre MM. Albert, Martin et Hugon, il existait une parenté d’idées et de sentiments dans laquelle n’entrait pas entièrement M. Baune. Quant à M. Bertholon, entraîné