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elle fit précisément le contraire, et ce fut l’occasion des plus violents orages dans l’intérieur des sections. Excités perfidement par des agents de police déguisés en sectionnaires, quelques républicains emportés s’étonnent de l’inaction des chefs, dans un moment qui semble si propice. Qu’attendent-ils ? Eh quoi ! pour attirer au parti la masse des ouvriers en soie, pour marcher avec elle en avant, on ne profite pas de la détresse de ces ouvriers, de leur désespoir ! Ces discours se répandent bientôt partout des gens suspects les enveniment ; on égare la crédulité de certains sectionnaires plus ardents qu’éclairés, et les membres du comité, accusés tout haut de trahison, sont placés sous la menace du poignard.

Mais ils avaient, pour résister au torrent, des motifs invincibles. Devancer à Lyon le mouvement de Paris et celui des provinces, c’était tout compromettre. Puis, les armes manquaient, le montant des cotisations mensuelles imposées aux sectionnaires ne suffisant pas même à couvrir les frais des publications innombrables sorties, depuis plusieurs mois, des presses de la Société. Au moins aurait-il fallu pouvoir compter avec certitude sur l’appui insurrectionnel des ouvriers en soie, qui formaient à Lyon le fond de la population ouvrière. Et cet appui, jusqu’alors, n’avait jamais été ni offert ni promis.

Nous avons dit qu’un assez grand nombre de mutuellistes étaient entrés dans la Société des Droits de l’Homme’; mais ils n’y étaient entrés que comme individus. Car, quant à la société mutuelliste prise dans son ensemble et dans sa direction, il est certain qu’à