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vriers cèdent quand la faim les pressera ; et s’ils en viennent à une révolte, ce sera la dernière. Car nous avons sous la main des canons et des milliers de baïonnettes. » Repoussés par les maîtres, les mutuellistes invoquèrent la médiation de l’autorité : M. Gasparin répondit que le pouvoir n’avait pas charge d’intervenir dans les querelles du monde industriel, les transactions entre le capitaliste et le travailleur devant rester libres. De sorte qu’on osait parler de la liberté des transactions, au moment même où l’on s’en reposait, pour la soumission de l’ouvrier, sur le despotisme de la faim !

Alors se passèrent des scènes lamentables. Parmi les ouvriers en soie, il y en eut qui, quoiqu’en état de supporter le chômage, se lassèrent d’une situation dont ils n’apercevaient que la stérilité présente ; il y en eut qui, trop pauvres pour résister à l’oisiveté, ne purent se résigner à voir autour d’eux leurs femmes éplorées et leurs enfants privés de pain. La division s’introduisit dans la société mutuelliste : les uns demandant qu’on reprît les travaux, les autres s’y opposant ; des rixes s’en suivirent. Et, sous le regard triomphant des maîtres, les ouvriers allaient épuisant leurs forces dans leurs débats.

Si les chefs du parti républicain, à Lyon, eussent voulu réellement descendre sur la place publique, ils l’eussent fait alors. L’occasion paraissait si favorable ! La Société des Droits de l’Homme, qui comptait dans ses rangs un assez grand nombre de mutuellistes, n’aurait-elle pas amené l’explosion en poussant au maintien de la suspension des métiers ? Or,