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tude, la difficulté d’organiser une société secrète sans en resserrer le cadre, tout avait concouru à rendre stériles les efforts tentés. Des principaux débris de la Charbonnerie il se forma, sous le nom de Société du Progrès, une association qui eut une existence semi-publique d’abord, puis tout à fait publique, et dont M. Lagrange fut l’âme.

La Société des Droits de l’Homme vint ensuite, et elle se modela sur celle de Paris. Née au mois d’octobre (1833), elle commença par élire un comité composé de cinq membres : MM. Martin, Bertholon, Baune, Hugon et Poujol. Le 23 décembre (1833), une réunion générale des sectionnaires ayant eu lieu, le règlement fut adopté ; on nomma deux nouveaux chefs, MM. Albert et Sylvain Court ; et la Société se trouva définitivement constituée.

A dater de ce moment, l’influence du parti républicain s’étendit avec une rapidité extraordinaire. Dans les derniers mois de l’année 1833, la Société des Droits de l’Homme enveloppait la ville de Lyon ; et, rayonnant sur les départements voisins, elle avait créé des centres correspondants partout où elle avait fait l’essai de sa redoutable et irrésistible propagande c’est-à-dire dans les villes les plus importantes de l’Isère, de la Drôme, de l’Ardèche, de la Loire, du Jura, de Saône-et-Loire. Là, sa domination était si absolue et la parole de ses représentants si respectueusement obéie, qu’à Romans, par exemple, M. Baune couvrit de sa protection et sauva de la colère du peuple le préfet de la Drôme, accouru avec des gendarmes pour l’arrêter. On se ferait malaisément une idée de la vie brûlante que menait, à