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ni M. Anselme Petetin, ni M. Martin Maillefer. Armand Carrel, toutefois, chancelait dans son opinion, qu’il finit par abandonner avec cette intrépide bonne foi qui le caractérisait ; mais une conviction plus tenace animait MM. Maillefer et Petetin, que touchait faiblement la nécessité de fortifier et de centraliser le pouvoir après l’avoir rendu tutélaire, et qui se préoccupaient beaucoup plus des moyens d’assurer à la liberté de l’individu des garanties solides et de tenir Paris en respect.

Si le parti républicain s’était senti moins fort, s’il n’avait pas cru toucher à la réalisation de ses espérances, peut-être aurait-il apporté moins de ferveur dans la lutte intellectuelle par laquelle il était intérieurement agité. Mais il y avait alors dans ce parti une résolution de vaincre si impétueuse et une si grande exubérance de vie, qu’on se jugeait à la veille de saisir le pouvoir, et de passer ainsi de la théorie à la pratique, du gouvernement des passions à celui des intérêts. Car il est à noter que, dans le sein même de la Société des Droits de l’Homme, et au plus fort de son effervescence, on voyait s’accomplir un travail d’organisation pacifique très-actif et ayant pour but de subordonner les emportements de la révolte aux procédés de la science. Il fallait donc s’entendre sur la manière dont la nation devait être excitée, dirigée, administrée, défendue ; il fallait tout-à-la-fois se disposer à combattre et à étudier, pourvoir aux nécessités du moment et méditer sur les choses du lendemain : double cause d’enthousiasme, mais aussi de division et de fièvre !

Ajoutez à cela que, quoiqu’il y eût beaucoup de