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C’était de la Société des Droits de l’Homme de Paris qu’aurait dû naturellement partir le signal. Or, elle était elle-même, depuis quelque temps, minée par de fâcheuses divisions. Au milieu d’elle s’étaient glissés des jeunes gens remplis de passions brûlantes, et qui frémissaient sous le joug du comité, qu’ils accusaient de tiédeur parce que son énergie n’excluait pas les conseils de la prudence. Se tenir prêt pour la bataille si le pouvoir la rendait inévitable, telle était la politique du comité : eux, ils jugeaient que c’était trop peu de s’armer pour la défensive et qu’il fallait attaquer. Le comité pensait que, pour avoir raison des iniquités contre lesquelles on protestait, heurter de front et brutalement la bourgeoisie n’était pas indispensable : eux, ils repoussaient comme douteuse toute politique de ménagements. Par suite de ces dissidences, un second comité avait été formé sous le nom de Comité d’Action, et il en était résulté, parmi les sectionnaires, une lutte qu’entretenait avec soin la police, partout présente par ses agents. Après des tiraillements funestes, l’ancien comité l’emporta mais la fusion ne s’opéra point sans avoir amené, comme il arrive presque toujours, des concessions dont profita la fraction des audacieux.

La Société des Droits de l’Homme, au surplus, était loin d’embrasser le parti républicain tout entier. Le journal la Tribune, quoique rédigé avec une véhémence extraordinaire, était indépendant de la Société, dont M. Armand Marrast ne faisait point partie. Il en était de même de MM. Armand Carrel à Paris, Anselme Petetin à Lyon, Martin Maillefer à Marseille ;