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brillantes apparitions. Il se laissa néanmoins entraîner, surtout par M. Bertin-de-Vaux, que le Journal des Débats rendait tout-puissant, et qui regardait l’occupation du ministère de l’intérieur par M. Thiers comme une chose presqu’indispensable. Il se forma, conséquemment, au sein du Conseil, une espèce de complot ayant pour but l’exclusion de M. d’Argout. M. Barthe entra dans ce complot sans se douter qu’il était, lui aussi, l’objet des menées les plus malveillantes. Car on le disait usé, et M. Bertin-de-Vaux poussait secrètement au ministère de la justice M. Persil, magistrat plein de fiel mais courageux, et qu’avait en quelque sorte marqué au front le ressentiment des partis. Nous ne forcerons pas l’histoire à descendre aux détails honteux de la stratégie qui devait aboutir au remaniement du Cabinet. Il nous suffira de dire qu’un jour, pendant qu’à la Chambre M. Barthe, assis au banc des ministres, savourait tranquillement les douceurs d’un pouvoir dont il se croyait sûr, M. Dupin aîné fut prévenu qu’on l’attendait au-dehors pour une communication importante. On venait lui offrir le ministère de la justice, dans l’espérance qu’il le refuserait, et parce qu’on n’aurait pas osé, avant de s’être adressé à lui, s’adresser à M. Persil. Il refusa. Le jour même, M. Barthe apprenait, de la bouche d’un de ses amis, la trame ourdie contre lui par ses collègues. Indigné, il résolut de donner cours sur-le-champ à sa colère, et, le Conseil s’étant assemblé dans la soirée, il éclata. Ce fut le terme de la crise. MM. d’Argout et Barthe furent remplacés par MM.Thierset Persil. Les ren-