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maire de la commune aurait eu le droit d’assister aux réunions, d’ordonner la séparation des membres si cela devenait utile ; et, quant à l’autorité, elle aurait dissous les associations jugées dangereuses, à la charge de rendre compte de ses motifs devant les Chambres. Ainsi, l’amendement de M. Bérenger substituait le système répressif au système préventif, consacré par le projet du gouvernement.

Soutenu par son auteur avec beaucoup de sagesse et d’autorité, l’amendement trouva dans M. Odilon Barrot un éloquent soutien. Quoi ! on faisait cet outrage à la civilisation, à la raison humaine, de déclarer anéanti par une loi un droit sans lequel nulle société n’existerait, un droit qui est, de toutes les nécessités, la plus impérieuse, la plus inéluctable ! Quoi ! cet article 291, né de la dictature impériale, et qui, sous la Restauration, avait paru si étouffant, il ne suffisait plus après une révolution faite au nom et pour le compte de la liberté ! Le gouvernement demandait à vivre ? Pour vivre, avait-il besoin de tuer le principe générateur de la société elle-même ? La nécessité de régulariser le droit impliquait-elle la nécessité de le nier, et fallait-il, à l’exemple de certains sauvages, couper l’arbre pour cueillir le fruit ? Soumettre à une autorisation préalable du gouvernement le droit d’association Mais c’était livrer au pouvoir une immensité d’arbitraire devant laquelle tout disparaissait ou pouvait disparaître : et la Charte, et les garanties qu’elle stipule, et le droit électoral, et la liberté de la presse. Car, lorsque des citoyens cherchent à s’entendre sur le candidat qui mérite le mieux leurs