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guisés ; et ici les citoyens avaient été frappés indistinctement ! Il prétendit que c’était pour éviter les charges sanglantes de la cavalerie qu’on recourait aux brigades de la police ; et les agents de M. Gisquet, armés de bâtons, venaient de déployer une rage qui suppléait à tout ce que peut avoir de plus funeste l’emploi des baïonnettes ! La justification était dérisoire et d’ailleurs, le ministre laissait intact le reproche qu’on lui adressait d’avoir mis l’arbitraire à la place des lois. Malheureusement, les ennemis du pouvoir servirent sa cause, en cette occasion, par des exagérations sans probité et des récits infidèles. C’était offrir à la majorité un prétexte pour amnistier le ministre : elle en profita. On s’empara des faits dont la fausseté était démontrée, pour obscurcir les faits incontestables ; et un bill d’indemnité sortit du sein des ricanements les plus odieux qui aient jamais porté atteinte à la dignité d’une assemblée. Le gouvernement était donc absous par la Chambre ; mais il avait été et resta condamné par l’opinion.

Au reste, tout cela ne faisait qu’annoncer de plus grandes calamités. Une loi, depuis long-temps attendue par les uns et redoutée par les autres, la loi contre les associations fut enfin présentée. Elle aggravait ce fameux article 291 du Code pénal, légué à la Restauration par le despotisme de l’Empire, et contre lequel avait si violemment protesté le libéralisme conduit au combat par MM. de Broglie et Guizot. L’article 291 se bornait à proscrire toute association de plus de vingt personnes, non autorisée : la loi nouvelle étendait les dispositions de