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10,000 fr. sur les 40,000 qui lui avaient été comptés. On entrait dans le mois de janvier 1834, et le mouvement qui devait éclater en octobre 1833 n’était pas encore commencé.

Inquiet et l’âme en proie aux plus douloureuses défiances, Mazzini résolut de hâter le dénoûment. Il fixa le jour de l’action, et en écrivit à Ramorino. Le général était attendu le 20 janvier : il n’arriva que le 31 au soir, suivi de deux généraux, d’un aide-de-camp et d’un médecin. Entre lui et Mazzini, l’entrevue fut triste et comme troublée par de noirs pressentiments. Mazzini proposa d’assigner pour base aux opérations la prise de Saint-Julien, où se trouvaient réunis les agents des diverses provinces de la Savoie, et où le signal de l’insurrection devait être donné. L’insurrection une fois déclarée, Mazzini pensait qu’il lui serait facile, à supposer qu’il ne se trompât point dans ses défiances, de déjouer le mauvais vouloir de Ramorino. Qu’il eût deviné ou non cette arrière-pensée, le général accepta le plan proposé. L’expédition devait se composer de deux colonnes. On arrêta que les insurgés de la première iraient, de Genève, se réunir à Carouge sur la frontière et que, partant de Nyon, où était un dépôt d’armes, ceux de la seconde traverseraient le lac pour aller rejoindre leurs compagnons sur la route de Saint-Julien. Le commandement de la seconde colonne fut confié par le général Ramorino au Polonais Grabski, brave soldat, mais à qui manquait l’expérience de ces sortes d’expéditions.

Le gouvernement de Genève ne pouvait ignorer la tentative, et il avait pris des mesures pour la