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point à don Pédro un appui décisif, au danger de voir un prince ennemi s’installer définitivement sur le trône du Portugal, royaume qu’ils regardaient, depuis le traité de Méthuen, comme une colonie anglaise. Au reste, lord Wellington et lord Aberdeen, prédécesseurs du comte Grey et de lord Palmerston, n’avaient pas eu, à l’égard du Portugal, une politique moins inconsistante. Car ils avaient flétri et soutenu don Miguel tour à tour. Tantôt c’était lord Aberdeen faisant tomber, du haut de la tribune anglaise, sur la cruauté et la lâcheté de don Miguel, un retentissant anathème ; tantôt, c’était lord Wellington ordonnant aux croisières anglaises de foudroyer le navire monté par le général Saldanha et quelques autres partisans de don Pédro. Ordre barbare qui a fait dire que l’Angleterre avait tenu en réserve, pour le service de don Miguel des boulets dérobés au bombardement de Copenhague !

Dans cet état de choses, don Pédro ne s’abandonna pas lui-même. Guidé par le général Solignac, et puissamment secondé par les aventuriers intrépides que lui avait fournis ce sol de France, nid de soldats, il soutint le siège de Porto avec une remarquable constance. Mais ses efforts tendaient à l’épuiser ; appuyé, au sud du Douro, corps de 6,000 hommes, don Miguel comptait, au nord, 17,000 combattants, et c’est à peine si le nombre des assiégés s’élevait à 13,000 ; la famine avait un moment sévi dans Porto ; le choléra y avait marqué cruellement son-passage ; la patience des habitants menaçait de se lasser ; pas de main assez forte pour