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Mahmoud avait l’intention de faire pour en adoucir l’injure, M. de Varennes refusa d’avance tout dédommagement et répondit « Je vois bien que, décidément, la Turquie n’est plus qu’une province turque. »

Et en effet, le 5 mai, c’est-à-dire le lendemain du jour où la grande querelle de Mébémet-Ali et de Mahmoud se terminait d’une manière définitive e par la solution de quelques difficultés relatives à la cession d’Adana, le comte Orloff arrivait à Constantinople, muni de pouvoirs extraordinaires. Était-ce un défi ? L’empereur Nicolas avait-il voulu nous faire peur de son ascendant oriental ? On eût malaisément assigné une cause sérieuse à une mission d’une solennité aussi tardive ; car déjà Ibrahim se disposait à évacuer l’Asie-Mineure. Le 24 mai il abandonna Kutaya, et, avant le mois de juillet, il avait laissé le Taurus derrière lui.

Les Russes se décidèrent alors à délivrer Constantinople du poids de leur présence : il ne leur restait même plus l’ombre d’un prétexte. Toutefois, ils ne lâchèrent leur proie qu’après avoir obtenu de la condescendance du sultan un traité[1] qui valable pour huit années, nouait entre la Russie et la Turquie une alliance défensive, et fermait aux vaisseaux de toutes les nations autres que la nation russe, le détroit des Dardanelles. L’Europe prit ombrage de ce traité sans en avoir saisi la signification véritable. Au fond, les Russes n’avaient nul besoin — leur récente expédition le prouvait de reste — qu’une stipulation diplomatique leur conférât le

  1. Voir aux documents historiques, n°5.