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ou encourager résolument Ibrahim à compléter le succès de sa révolte. Car, dans le premier cas, l’intervention égoïste des Russes cessait d’être nécessaire et, dans le second, Ibrahim triomphant était donné pour défenseur à Constantinople.

Rien de tout cela ne fut compris, et M. de Varennes resta livré à ses inspirations personnelles. Son rôle était difficile. Il avait à écarter de Constantinople les Russes qui étaient impatients de s’y montrer et que les terreurs du sultan y appelaient. Et comment atteindre ce résultat, si l’on n’arrêtait pas Ibrahim ? Or, M. de Varennes pouvait bien employer auprès du conquérant de la Syrie et auprès de Méhémet-Ali, la voie des conseils et des sollicitations ; mais, pour réussir, il aurait fallu être en mesure de parler avec autorité, de menacer si les prières ne suffisaient pas. Et c’est ce que l’imprévoyance du cabinet des Tuileries mettait M. de Varennes dans l’impossibilité de faire. Il parvint néanmoins à contrebalancer pendant quelque temps l’influence russe, et la manière dont il mit à profit les circonstances témoigna d’une grande dextérité.

La Russie s’était hâtée d’offrir au sultan le secours de cinq vaisseaux et de sept frégates, et elle avait envoyé à Mahmoud. Le général Mourawieff, chargé ’de disposer tout pour l’intervention et de pousser jusqu’à Alexandrie. Le général Mourawieff eut le tort de faire un~peu trop sentir aux Turcs l’injure de sa présence. Il parcourut les casernes, il affecta avec’les soldats turcs le ton du commandement. C’était souffler sur des cendres, mais sur des cendres encore brûlantes. Il se trouva que les sujets avaient