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à se séparer de la Hollande, de la Pologne à reprendre sa nationalité, de l’Italie a proclamer son Indépendance ?

Mais hélas ! les destinées de notre pays se trouvèrent égarées, après 1830, aux mains d’hommes sans portée, sans vues, sans élévation d’esprit, sans force d’âme. Ces hommes qui se croyaient pratiques parce qu’ils étaient médiocres, et habiles parce qu’ils n’osaient rien de grand, ne virent pas que la question d’Orient renfermait le sort du monde ; il leur échappa que si la France ne profitait point, pour rendre l’Égypte française, du désir violent et victorieux qui poussait les Russes à Constantinople, les Anglais, tôt ou tard, feraient ce que nous avions négligé, s’établiraient à Alexandrie, prendraient la Méditerranée en échange de la mer Noire abandonnée à la Russie, et nous feraient tomber de la sorte au rang des Puissances secondaires.

Puisque le Cabinet des Tuileries ne voulait que le statu quo, puisqu’il prenait pour point de départ l’intégrité de l’empire ottoman, au moins aurait-il dû mettre de la suite à faire prévaloir cette idée. Eh bien, il ne sut même pas rester conséquent avec lui-même. On se rappelle avec quelle colère insensée le général Sébastiani destitua le général Guilleminot, parce que cet ambassadeur avait activement travaillé à miner l’influence des Russes en Turquie ; on se rappelle ces paroles prononcées à la tribune par le ministre des affaires étrangères : « L’empire ottoman n’est plus qu’un cadavre. » Voilà quelle conduite, voilà quel langage tenaient, à la face de l’Europe, ceux qui avaient