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par les traités de 1815. Nous sommes résolus à secouer le joug de ces traités et à refaire l’équilibre européen. Nous le pouvons en associatif nos intérêts aux vôtres, après avoir cherché le lien qui les unit. Vous penchez vers l’Asie, cela est évident ; vous voulez cette moitié de l’empire du monde : quel est l’ennemi qui vous la dispute ? L’Angleterre. Il vous faut la mer Noire tout entière et Constantinople quelles sont les Puissances qui, de ce côté gênent votre marche et enchaînent votre ambition ? L’Angleterre et l’Autriche. Contre elles, nous vous offrons notre appui, mais aux conditions suivantes à vous Constantinople et ses dépendances ; à nous l’Égypte, qui attend des maîtres, et la Syrie, où notre domination a été préparée par un protectorat religieux de trois siècles… Mais, dans un tel partage du monde, la Pologne appartient à l’Occident quelle couvre. Nous stipulons pour elle ; et songez qu’il y règne un esprit d’indépendance que vous n’y étoufferez que par l’extermination des habitants ; songez que vous avez là, non pas un royaume à exploiter, mais un foyer de haine et de révolte à surveiller sans cesse songez enfin que, dans une guerre générale, la Pologne soulevée deviendrait le plus grand de vos périls, le plus insurmontable de vos embarras, et qu’il vous faudrait des flots de sang pour conserver une conquête qui importe peu, après tout, à votre domination asiatique. »

Une alliance franco-russe basée sur des données semblables eût-elle paru acceptable à la Russie ? Cela n’est pas douteux. Il suffit de jeter les yeux sur la carte pour comprendre ce que serait Constanti-