Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manufactures. La conquête de cette province entraînait la perte de tous les établissements anglais en Amérique et dans la presqu’île du Gange. Les Français, une fois maîtres des ports d’Italie, de Corfou, de Malte et d’Alexandrie, la Méditerranée devenait un lac français. »

Eh bien, par un merveilleux concours de circonstances, en admettant que l’empire ottoman ne pût échapper à un partage, et que l’occupation de Constantinople par les Russes fût inévitable, les deux seules Puissances intéressées à nous repousser de l’Orient et à nous exclure de tout partage, étaient précisément celles qu’avait poursuivies la politique de Henri IV, de Richelieu de Louis XIV, de Napoléon : l’Angleterre et l’Autriche.

Nous n’aurions pu, en effet aider les Russes à s’installer à Constantinople, qu’autant qu’ils nous auraient aidé à nous établir en Syrie et en Égypte, en vertu d’un échange qui, leur donnant la mer Noire, nous eût donné la Méditerranée. Or, il était impossible que l’Autriche consentît à notre prépondérance dans la Méditerranée, à cause de ses intérêts en Italie ; et quant à l’Angleterre, elle savait bien qu’elle serait perdue le jour où, devenus maîtres du cours de l’Euphrate et de l’Isthme de Suez, nous pourrions lui fermer la porte de son domaine indien.

La France, après 1830, était donc naturellement amenée à tenir à la Russie le langage que voici :

« La révolution de juillet qui vient de s’accomplir est plus que le dénoûment d’une lutte politique engagée entre la Chambre et la royauté c’est 1 explosion du sentiment national refoulé outre-mesure