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à cette époque, par les crieurs publics, agents actifs des feuilles démocratiques et moniteurs ambulants de l’insurrection. Mais, devant eux, la loi était muette et le pouvoir désarmé. Le préfet de police, M. Gisquet, eut recours au despotisme. Le droit de timbre, d’après la législation existante, ne devait peser que sur les journaux et sur les papiers-nouvelles M. Gisquet l’étendit aux brochures et fit arrêter tout distributeur rebelle à l’établissement de cet impôt forcé. Assignée devant les tribunaux, la police fut condamnée par eux de la manière la plus humiliante et la plus formelle ; mais elle se crut assez forte pour braver la justice, et les arrestations continuèrent.

Alors se passa, au centre de Paris, une scène plus émouvante que celle par laquelle Hampden avait ouvert fa révolution d’Angleterre.

Parmi les journaux consacrés, en 1833, à la propagande des idées démocratiques, le Populaire et le Bon Sens étaient particulièrement menacés par le nouveau système de persécutions que la police avait adopté. Rédigé avec beaucoup de hardiesse et de verdeur par M. Cabet, le Populaire agissait puissamment sur la partie vive de la nation. Le Bon Sens était plus timide, mais il se distinguait, entre tous les journaux, par l’appel incessant et direct qu’il faisait à l’intelligence du peuple. Non content de publier presque chaque jour et à plusieurs milliers d’exemplaires les brochures qu’il jugeait utiles à la cause du prolétariat, le Bon Sens s’était imposé la loi d’admettre, dans des colonnes réservées sous le titre de Tribune des Prolétaires, les œuvres sorties de