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domestiques les citoyens pauvres qui seraient atteints d’infirmité ou de maladie. — L’instituteur portera, dans l’exercice de ses fonctions et à toutes les fêtes nationales, une médaille avec cette inscription : celui qui instruit est un second père, etc., etc… » Grandes pensées qui suffisent pour révéler une grande époque[1] !

Mais, depuis que le gouvernement de ce noble pays de France était tombé aux mains d’une oligarchie de financiers et de marchands, tout s’était étrangement rapetissé. Aussi le projet de M. Guizot fut-il favorablement accueilli. Adopté presque sans restrictions par les commissions des deux Chambres, il n’eut à subir dans le parlement que des attaques plus violentes qu’approfondies. M. Salverte demandait qu’au programme de l’instruction primaire on ajoutât la connaissance des droits et des devoirs du citoyen : cette proposition, si patriotique et si sensée, fut rejetée comme inutile. Et, qui le croirait ? dans un débat duquel dépendait si étroitement l’avenir du peuple, on ne s’émut que pour savoir si, dans le comité local de surveillance, le curé serait admis à côté du maire et des habitants notables. Résolue contre le clergé par la Chambre élective ; et en sa faveur par la Chambre des pairs, la question allait jeter dans le parlement un nouveau brandon de discorde, lorsqu’enfin la Chambre

  1. Le rapport de Lakanal n’était, au reste, qu’une ébauche lorsqu’il fut présenté à la Convention. C’était un travail qui avait évidemment besoin d’être complété. Ainsi, le chiffre des appointements de l’instituteur y est laissé en blanc, et l’on ne s’y prononce pas sur cette question importante : instruction primaire est-elle obligatoire ?