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taient les plus riches, s’étaient équipés le lendemain même de la révolution de juillet et portaient l’uniforme de la Restauration. Les autres, c’étaient les plus pauvres, c’est-à-dire des chefs d’atelier, portaient l’uniforme tel qu’il avait été décrit par la dernière loi sur la garde nationale. Cette différence de costume donna lieu, de la part des premiers, à des remarques insultantes. Les seconds répondirent par des menaces.

Tout semblait donc annoncer une bataille pour le lendemain. Le soir on rencontra dans les rues des visages préoccupés ou sinistres ; on eût dit que la haine était dans l’air que chacun respirait. M. Bouvier-Dumolard voulut se rendre, accompagné des maires, commandants militaires et chefs de la garde nationale, chez le lieutenant-général Roguet, pour y concerter les mesures à prendre. Mais, comme on l’a vu le lieutenant-général n’aimait pas le préfet : il refusa sèchement de le recevoir. Refus lamentable Mais dans des sociétés telles que la nôtre, la vie de plusieurs milliers d’hommes peut dépendre de cela. Dans l’assemblée qui se tint à la préfecture, en l’absence du lieutenant-général. il fut décidé que les cinq portes qui conduisent de Lyon à la Croix-Rousse seraient occupées dès la pointe du jour ; qu’un bataillon de garde nationale de la Croix-Rousse et trois cents hommes de la ligne se réuniraient à sept heures du matin sur la place de ce faubourg pour empêcher les rassemblements de se former ; que quatre bataillons de garde nationale de Lyon et un de la Guillotière s’assembleraient à la même heure sur leurs places respectives.