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nous-mêmes au triomphe des inimitiés dont nous étions l’objet ; il éleva entre le peuple belge et nous une insurmontable barrière ; par les conditions que la diplomatie nous imposa, il perdit cette apparence de campagne révolutionnaire qu’il eût été si important de lui conserver ; en un mot, accompli sous l’œil des soldats prussiens, immobiles le long de la Meuse, il fit des soldats de la France les instruments d’un intérêt tout dynastique et d’une pensée qui remontait aux traités de 1815.

La Conférence devait être satisfaite ! Résumons son histoire.

La Belgique avait fait un effort violent pour se séparer de la Hollande. C’était plus qu’une manifestation de l’esprit révolutionnaire, c’était l’affaiblissement des garanties que les monarchies européennes avaient prises contre la France, lorsqu’en 1815 elles avaient formé le royaume des Pays-Bas. Elles se liguèrent donc une fois encore, sollicitées par la terreur immense que nous leur inspirions, et ce fut à Londres que leurs plénipotentiaires se donnèrent rendez-vous, comme si l’Angleterre eût mérité cette préférence à cause de la profondeur de ses ressentiments[1]. Chose inconcevable ! Dans cette ligue, la France fut représentée, et représentée par M. de Talleyrand. Les délibérations commencèrent. Rétablir le royaume des Pays-Bas, on ne l’aurait pu sans insulter ouvertement

  1. Il est en Angleterre, nous le savons, un parti qui professe pour notre pays une estime sincère et d’honorables sympathies. Celui-là nous est cher et ne saurait être compris dans nos attaques.Malheureusement, l’Angleterre n’a été jusqu’ici représentée dans ses relations extérieures que par les tories ou les whigs, ennemis systématiques de la France et de tous les peuples.