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à se défendre, le siège commença. L’ardeur et la gaieté du soldat étaient au comble. Mais ce n’était pas l’ennemi seulement que nous avions à combattre, c’était la saison ; et les Anglais avaient calculé juste. Il fallut établir la tranchée sur un terrain qui, très-mou de sa nature, était, en outre, délayé par les pluies. En certains endroits, on enfonçait de deux pieds dans la boue. Cet état de choses exigeait des travaux préparatoires considérables : le général Neigre fit acheter à Anvers 300 madriers qui, avec un grand nombre de fascines, devaient rendre la tranchée plus abordable ; et, grâce à des efforts inouis, toutes les batteries reçurent leur armement dans la nuit du 2 au 3 décembre, à l’exception pourtant de celles de gauche, portant les nos 7 et 8. Les pièces destinées à ces deux dernières batteries ne purent être conduites que la nuit suivante. Encore fut-on obligé, au lieu de prendre la voie ordinaire de la tranchée, de couper la tranchée elle-même, de sortir de la parallèle, et de faire entrer les pièces par la campagne, en passant sous le feu de la citadelle. L’emploi d’un tel moyen était extrêmement périlleux : il fut néanmoins couronné d’un plein succès ; et les travaux admirables qui, sous la direction du général Neigre, furent exécutés, pour l’armement complet de nos batteries, prouvèrent qu’il n’était rien qu’on ne pût attendre de l’intelligence et de l’activité des artilleurs français.

Le 4 décembre à onze heures, le feu contre la citadelle commença, nourri par 82 pièces, qui, bientôt, furent portées à 104, dont la moitié lan-