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suites terribles ; que les défiances mal fondées des habitants mettaient en péril et l’armée et la province que, dans cet état de choses, le meilleur parti à prendre était de faire opérer par chaque commune, sur des points désignés, des versements de denrées, lesquelles seraient payées argent comptant et aux prix fixés par les clauses du 18 octobre. La mesure proposée eut tout le succès désirable. Mais il s’en était fallu de bien peu que les Français ne fussent placés dans l’alternative ou de souffrir de la plus horrible disette ou de traiter la province en pays conquis.

Nous nous sommes étendu longuement sur ces détails inconnus jusqu’ici, parce qu’ils prouvent que si la politique du cabinet des Tuileries manquait de dignité et de grandeur, elle manquait en même temps d’habileté et de prévoyance. Car la sourde inimitié des Belges, les obstacles qu’ils se plurent à créer autour de nous, les extrémités auxquels ils ne craignirent pas de nous pousser, tout cela fut chez eux l’effet d’un ressentiment légitime, tout cela naquit de l’exclusion injuste et offensante dont notre gouvernement les frappait, au nom et dans l’intérêt des ennemis de la France.

Le 29 novembre, à huit heures du soir, la tranchée fut ouverte sous la citadelle d’Anvers. Poussée avec cette vivacité intelligente qui caractérise le soldat français, l’opération eut le plus heureux résultat, et ce fut le lendemain seulement que les assiégés eurent connaissance de nos travaux. Au petit jour, le maréchal Gérard envoya vers le général Chassé, le colonel Auvray, sous-chef de l’état-major général de