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sécution même à laquelle ils étaient en butte, pour soulever, pour débattre les plus hautes questions de l’ordre politique et de l’ordre social, les deux Chambres retentissaient de stériles récriminations.

Au palais du Luxembourg, le gouvernement avait dans M. le marquis de Dreux-Brézé un adversaire brillant et opiniâtre. Mais comme M. de Dreux-Brézé ne parlait jamais qu’au nom de la Restauration et qu’il était l’orateur d’une puissance vaincue, ses paroles n’éveillaient pas dans la société de nombreux échos. D’ailleurs, la pairie ayant perdu depuis long-temps toute consistance, les luttes qui pouvaient naître dans son sein occupaient faiblement l’attention publique. La Chambre des députés fut donc le principal théâtre des combats que se livrèrent, à propos du discours de la Couronne, le parti du ministère et celui de l’Opposition.

Pour se défendre, le pouvoir avait eu recours à des mesures d’une évidente brutalité ; il avait abusé des procès de presse ; il avait violé en mainte occasion, avec une étourderie cruelle, le domicile des citoyens ; il avait, par le déploiement intempestif de ses forces et la protection accordée aux fureurs des agents subalternes, jeté à l’esprit de révolte des défis de nature à changer le désordre en émeute et l’émeute en insurrection ; vainqueur sur la place publique, il s’était armé de la dictature pour ses vengeances, alors que la légalité suffisait à sa justice ce fut sur cet ensemble d’actes attentatoires à la liberté que l’Opposition attaqua le ministère, par l’organe de MM. Thouvenel, de Sade, Havin, Eusèbe Salverte.