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franche. Le roi de Sardaigne lui écrivait des lettres affectueuses, lui donnait des conseils utiles, mais tout cela dans l’ombre. Le grand-duc de Toscane lui refusa l’autorisation d’aller à Pise prendre les bains. Enfin, elle fut au moment de se voir fermer les portes de la ville même où régnait son frère. « Si la duchesse de

    nation que ni lui ni sa mère n’adopteront jamais le système qui attribue à un roi un pouvoir constituant également capable d’octroyer une Charte, de la jurer, et de la retirer ensuite.

    Les diverses considérations fondées sur notre droit public et sur l’utilité de l’État, que je viens d’exposer, m’ont déterminé à émettre, dans les conférences auxquelles j’ai assisté ici, l’opinion que la mère de Henri V devait se proclamer elle-même régente du royaume en vertu de son droit, que personne ne lui pouvait contester, sauf à accepter, si les états-généraux du royaume lui en faisaient la demande, telles limitations à ses fonctions de régente qui, d’accord entre elle et eux seraient jugées convenables. J’ai cité à l’appui de mon opinion, que Madame devait et aurait dû depuis long-temps se proclamer elle-même régente, l’exemple de Louis XVIII, qui se proclama régent pendant la minorité de Louis XVII aussitôt après la mort de Louis XVI. Plusieurs personnes sans doute, et j’étais du nombre, n’approuvèrent pas M. le comte de Provence d’avoir, en prenant le titre de régent, enfreint les droits de la reine-mère captive, et pensaient qu’il eût agi plus convenablement s’il eût pris seulement le titre de lieutenant-général du royaume; mais s’il s’éleva des contestations sur la convenance du titre qu’il prenait, il ne s’en éleva aucune sur son droit à le prendre par sa propre autorité: il fut approuvé grandement et unanimement de n’avoir pas attendu son retour en France pour proclamer son droit et son devoir, comme premier héritier du trône, de pourvoir autant qu’il il était en lui au gouvernement de l’État, soit pendant la durée de la captivité de la reine, soit après la malheureuse issue de cette captivité.

    J’ai cru d’autant plus de mon devoir d’exposer respectueusement à Votre Majesté l’opinion que j’ai émise relativement à la régence, qu’il a été refusé aux membres de la conférence de dresser procès-verbal des opinions qu’ils ont émises à ce sujet.

    Je suis, Sire,

    De Votre Majesté,

    Avec la vénération profonde que je lui portais quand j’osais me compter au nombre de ses plus fidèles sujets,
    Le plus humble, le plus obéissant et le plus dévoué serviteur,
    Le comte F. de Kergorlay.------

    Des bains de Lucques, le 29 septembre 1831.