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la place d’armes et relèverait tous les postes ; qu’immédiatement après, le 35e quitterait Grenoble.

Ces instructions furent ponctuellement suivies. Le 16 mars 1832, les soldats du 35e sortirent de cette ville où ils laissaient de si douloureux souvenirs ; ils sortirent au travers d’une population morne, silencieuse, et commandant à sa colère.

A la nouvelle des événements qui venaient de se passer dans sa ville natale, Casimir Périer donna un libre cours à sa fureur. Une défaite de l’autorité était pour son orgueil une humiliation impossible à dévorer. Le 19 mars, et sans attendre que les faits eussent été au moins éclaircis, le Moniteur publia un article où il était dit que le 35e, dont le concours avait été légalement requis, avait fait son devoir avec sagesse et dévouement ; que colonel, officiers et soldats méritaient des éloges ; que toutes sortes d’outrages avaient été adressés aux soldats qui s’étaient trouvés de la sorte dans le cas de légitime défense ; que de graves blessures avaient été reçues par des militaires, et qu’on avait perfidement exagéré le nombre de celles qu’avaient reçues les perturbateurs.

Ces étranges inexactitudes, qu’attendait, comme on le verra plus bas, un inévitable et victorieux démenti, avaient pour effet de calomnier les victimes. MM. Félix Réal et Duboys-Aimé, députés des arrondissements de Grenoble, protestèrent contre des allégations aussi imprudentes que mensongères, dans une lettre dont le Moniteur retarda l’insertion ; et dans la séance du 20 mars, M. Duboys-Aimé se leva pour interpeller à ce sujet le