Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensuite la violation. » Alors Casimir Périer parla des chagrins amers et mystérieux dont sa vie politique était semée : « La Chambre ignore, dit-11, à qui j’ai affaire ! », et après quelques instants de silence : « Que n’ai-je des épaulettes ! – Eh ! qu’avez-vous besoin d’épaulettes, s’écria M. De Laberge ? » À ces mots, Casimir Périer se dresse sur son séant, la lèvre pâle, l’œil enflammé, repousse vivement la couverture de son lit, et montrant ses jambes amaigries, dont ses doigts déchiraient la peau. « Eh ! ne voyez-vous pas que je ne suis plus qu’un cadavre ? »

Il était impossible que la politique de Casimir Périer ne se ressentît pas de cet étrange état d’exaltation. Et, comme les subalternes se plaisent toujours à outrer les défauts de leurs supérieurs, le pouvoir avait revêtu, à tous les degrés, un déplorable caractère de haine et de brutalité. Des troubles attristèrent successivement les villes d’Alais, de Nîmes, de Clermont, de Carcassonne. Mais plus les populations se montraient mécontentes, plus l’autorité se montrait impitoyable.

Le 11 mars 1832, une mascarade représentant le budget et les deux crédits supplémentaires, sortit de Grenoble par la porte de France, se dirigeant vers l’Esplanade où le général Saint-Clair passait en ce moment la revue de la garnison. Cette mascarade était interdite par les règlements, mais fondée sur un ancien usage ; elle ne se composait, d’ailleurs, que de dix ou douze jeunes gens dont la plupart étaient seulement déguisés. Après s’être répandus gaîment sur la route de Saint-Martin, ils se